Pas très réjouissant, c'est mon travail sur les camps de concentration en français...
La partie en italique c'est le sujet, donc ce que la prof à écrit... en gras ce qu'on a fait en groupe, le reste ce que j'ai fait toute seule.
An 2440. Les frontières n'existent plus. L'Europe et désormais un continant harmonieux qui vit en paix depuis quatre siècles. Un seul gouvernement nommé pour cinquante ans, régit le bloc uni ; les Européens ont opté pour une langue unique, l'Espéranto, et les langues anciennes, 'uon parlait encore au 20ème siècle, ne sont plus enseignées à l'école. Les professeurs n'existent plus d'ailleurs : des logiciels enseignent aux jeunes les rudiments de la technologie et de la médeine de pointe. De littérature, d'histoire et de philosophie, il n'est plus question depuis trois siècles, sans que l'on sache pourquoi ; ces notions mêmes ont disparu, sans laisser aucune trave. An 2440. Un monde épuré. Serain.
Monica, Kamel, Fritz, Zlata et Ellen habitent Alberstadt et ont l'habitude de se retrouver en campagne pour partager de purs moments d'insousciance. il est vrai que le climat est beaucoup moins tempéré qu'autre fois et que les individus, ne connaissant plus les rudes frimas de l'hiver, consacrent tout leur temps libre, quand les rayons du soleil ne sont pas trop ardents, aux joies de la balade, du canotage et du farniente.
Ce jour là, vêtus de lin et de chapeaux à larges bords, les adolescents décidet de marcher jusqu'à Langestein où réside la grand-mère de Zlata. Tout près du village, ils sont surpris de rencontrer, en plein jour, une multitude de chauves-souris, qui semblent converger vers un même point. Intrigués, mes amis les suivent jusqu'à se retrouver face à un ébouli de terre. Les volatiles s'y sont retrouvés et semblent mystérieusement attendre quelque chose, la nuit peut-être...
Les jeunes renoncent alors à leur visite, préférant s'aventurer dans la campagne boisée qui les attire irrésistiblement. Le soleil se reflète sur les feuilles des arbres qui forment un manteau doré contrastant avec les coins ombragés. Les vent lui-même, complice, les invite à poursuivre leur promenade.Une fois les jeunes gens parvenus à une clairière, leurs regards se posent sur ce qui semble être le reste d’une dalle de béton. Fritz, Zlata, Kamel et Monica ne s’en souciant pas le moins du monde, continuent leur chemin. Ellen, de nature plus curieuse, s’aventure sur le vestige.
Soudain elle se sent prise de vertiges. Sa vue se brouille et une scène surréaliste se met en place. Elle se trouve dans un lieu sombre et un homme se tient au centre de la pièce. Il est effrayant avec sa maigreur et son regard vide. Ellen se demande si c’est bien un humain qui se tient devant elle.
Tout se remet à tourner et la clairière réapparaît doucement.
La jeune fille voit ses amis poursuivrent leur chemin. Encore abasourdie, Ellen se demande si ce qu’elle a vu est réel ou s’il s’agit du fruit de son imagination. Dans le doute, elle court vers ses camarades.
« Vous avez vu cela ?
- De quoi parles-tu ? l’interroge Kamel
- J’ai surtout vu qu’il faisait un temps superbe ! s’enthousiasme Zlata.
-Et moi je vois qu’on va encore être en retard chez ta grand mère ! » la taquine Fritz
La conversation se poursuit ainsi gaiement entre les quatre compères, parlant de la pluie et du beau temps, du dernier exercice de Sciences de l’Humain que personne n’a compris, le tout ponctué de joyeux éclats de rire. Ellen souffle un « Mais alors ?… » que personne n’entend. « Que s’est-il passé ? se demande intérieurement l’adolescente. Cela avait l’air si vrai, je n’ai pas pu rêver… Mais en même temps, comment une… chose pareille aurait pu exister ? »
Après ce court débat avec sa conscience, elle secoue vivement la tête pour se débarrasser de cette vision qui lui semble maintenant absurde. Elle suit ses amis, bien décidée à ne pas gâcher ce merveilleux après-midi qui s’annonce.
A la fin de la journée, quand elle rentre chez elle après avoir quitté sa petite bande, Ellen ne s’en souvient déjà presque plus. Comme chaque jour, elle rentre dans son espace de vie familial, dit bonjour à ses parents et file dans son espace de vie privé pour se mettre en bougonnant à son travail scolaire quotidien. Vers 21h00, son robot éducateur lui rappelle qu’il faut qu’elle aille se coucher. Désormais, plus de problèmes d’éducation, les parents étant réduits à une fonction « biologique » et parfois affective, le robot éducateur attribué à chaque enfant à la naissance se charge du reste. Aujourd’hui, Ellen ne se fait pas prier, elle est fatiguée. Elle enclenche le module d’hygiène pour se laver avant de se coucher rapidement. Elle sait qu’elle a un test de nanotechnologie demain, mais elle a bien travaillé avec Nouitu, son robot, et s’endort sereine.
Mais au milieu de la nuit, l’étrange phénomène se reproduit. Elle se retrouve dans l’endroit qu’elle avait aperçu dans la clairière. Le même « homme » se tient devant elle. Elle revoit sa peau tendue à l’extrême, si bien qu’elle peut voir chacun de ses os. Elle se rend compte qu’il est nu. Elle se perd dans ses yeux vides, effroyablement dénués de tout reste d’humanité. Pour la première fois de sa vie, Ellen ressent la peur, la vraie peur. Une nouvelle sensation s’empare d’elle. Le froid. Mordant, saisissant, elle ne le connaissait qu’à travers quelques leçons d’agroalimentaire, mais elle sait que c’est lui. Puis les odeurs lui parviennent aux narines. Une odeur puante, qui la saisit à la gorge. Une odeur de mort, de souffrance et de peur. Elle veut hurler, plus aucun son de sort de sa bouche. Elle voudrait s’enfuir, elle ne peut plus bouger. Elle voudrait fermer les yeux, ignorer tout cela, mais elle ne peut pas. Elle se réveille enfin, en sueur et haletante.
Elle se retrouve le lendemain avec Nouitu devant le grand bâtiment blanc où se trouve un soigneur de pensées. On lui a toujours dit de se méfier de ces psychologues qu’à l’ère de la médecine de pointe on considère comme des charlatans. Mais le robot a fouillé dans tous ses fichiers, dans le cas de la jeune fille un traitement des pensées est le soin le plus approprié. Bon gré, mal gré, elle a accepté à condition d’être accompagnée par Kamel, son meilleur ami. Elle voulait tous les inviter mais la machine a catégoriquement refusé. D’ailleurs, il devrait bientôt arriver.
« Salut Kamel ! l’appelle-t-elle de loin
- Salut ! »
Ce dernier arrive en courant depuis l’autre bout de la place. C’est un modèle de perfection pour l’époque. Grand, brun, les yeux verts et le teint clair sans être pâle, parfaitement proportionné. De plus, il est gentil, intelligent, discret et serviable. Ellen sait très bien que ses parents voudraient qu’ils deviennent son futur partenaire, mais après tout, ce n’est pas elle qui décide. C’est seulement l’année prochaine que se feront les attributions de leur classe d’âge. Mais ce n’était pas le moment de penser à cela.
« Il est l’heure de ton rendez-vous ! » lui rappelle Nouitu. Ragaillardie par l’arrivée de Kamel, Ellen pénètre dans l’impressionnante construction. Les immeubles ont été abolis au profit de la création d’espaces de vie sous-marins. Par conséquent, les deux jeunes gens sont épatés de voir cette construction de cinq étages. C’est tellement rare !
Une minute plus tard, Ellen passe le radar oculaire qui vérifie son rendez vous et la laisse pénétrer à l’intérieur du cabinet du soigneur. C’est un petit espace de travail sans prétention, avec quelques photos accrochées au hasard et à la lumière tamisée. La moquette et les murs sont d’un tout parme, ainsi que les rideaux. Une délicate odeur d’orchidée finit de donner un aspect sécurisant et apaisant à l’endroit. Un robot secrétaire trie des papiers sur un large bureau et leur demande de s’asseoir dans une sorte de salle d’attente ouverte, près de la fenêtre. A peine deux minutes sont passées qu’un homme d’une quarantaine d’année sort de la supposée salle de soin, raccompagnant une femme entre deux âges. Puis il se tourne vers le petit groupe.
« Ellen c’est ça ? Viens, c’est à ton tour. Quand à vous autres, vous l’attendrez ici s’il vous plait… »
La jeune fille suit le soigneur dans une petite pièce, semblable au reste du cabinet. Il lui demande d’abord quelques renseignements d’usage avant de lui poser la question qu’elle attendait et redoutait « Pourquoi es-tu venue ? ». Alors tout sort d’un coup. Elle lui raconte en vrac la forêt, la vision, l’homme, le rêve, le froid et surtout la peur. Au fur et à mesure qu’elle raconte, les sourcils du docteur Londres, le soigneur, se froncent. Quand elle a fini, il ferme les yeux un instant, réalisant ce qu’elle vient de lui dire, avant de lui faire signe d’approcher. Sur le ton de la confidence, il lui dit :
« Ce que je vais te dire ne doit pas sortir d’ici. Pas pour le moment en tout cas. Ma vie et la tienne en dépendent. Ce que tu as vu n’est pas une hallucination, ni un rêve. C’est une vision du passé. Tout cela c’est vraiment passé, il y a très longtemps, entre 1940 et 1945. »
Il laisse un silence, peut-être pour laisser à sa patiente ou bien pour réfléchir à ce qu’il va dire. Ou peut être les deux.
« L’homme que tu as vu était un déporté, quelqu’un qui était enfermé parce qu’il n’était pas comme il faut, ou bien parce qu’il ne pensait pas comme le gouvernement. Et l’endroit que tu as vu était un camp de concentration. C’était un endroit où on regroupait tous les déportés et où on les… éliminait. »
Ellen ne sait pas s’il fallait le croire. Pourquoi mentirait-il ? Et elle l’avait vu, ce « déporté ». Mais comment... comment était-ce possible ? Et pourquoi risquait-il sa vie en disant cela ? Et comment le savait-il ? Pourquoi lui disait-il ? Elle sentait que sa tête allait exploser, toutes ces questions tournent dans sa tête de plus en plus vite jusqu’à lui donner le vertige. Pourtant pas un mot ne sort de sa bouche, qui reste grande ouverte.
« Co… Comment ? Et… pourquoi ? balbutie-t-elle
- Je ne peux pas te le dire ni ici, ni maintenant. Si tu fais un nouveau rêve, reviens me voir, j’essaierai de t’en dire plus… Maintenant rentre chez toi, et surtout fais comme si de rien n’était. Il en va de la vie de nombreuses personnes. »
Quelques minutes plus tard, le temps pour l’adolescente de reprendre ses esprits, ils ressortent tous deux de la pièce avec un sourire feint. Une fois sortie du bâtiment, Ellen retrouve tous ses amis.
« Tu vas mieux ? » s’enquiert Monica.
Dans les yeux de l’intéressée, une tristesse nouvelle est apparue, maintenant qu’elle sait.
« Oh si vous saviez… »
La vie de tout le petit groupe continue calmement. Les jours se succèdent et tout redevient comme avant. Les cours, les fous rires et tous le reste, on dirait que rien n’a changé. Jusqu’à ce soir. Pour la première fois depuis quinze jours, c’est-à-dire depuis qu’elle a consulté le docteur Londres, Ellen n’a pas pensé à ces fameux camps de concentration de toute la journée. Elle s’endort en rêvant à ses futures vacances : ses parents lui ont promis une croisière sur la Lune. Et c’est la tête pleine d’images fabuleuses qu’elle s’endort. Mais de nouveau, en pleine nuit, les cauchemars reviennent.
Elle est dans un endroit qu’elle n’a jamais vu. On dirait un grand hangar. Des centaines de personnes sont assises par terre. Combien sont-ils au juste ? Il y a surtout des femmes, des vieillards, des enfants, des blessés. On dirait qu’ils attendent quelque chose. Certains se mettent à chanter dans une langue inconnue. Bien que les religions soient devenues un sujet tabou en 2440, Ellen devine qu’ils prient. Les enfants demandent à leurs mères où ils sont. D’autres pleurent. D’autres s’embrassent, se disent adieu. La jeune fille ne comprend pas. Puis derrière elle, une petite fenêtre s’ouvre. Une main, furtive, lance un flacon dans la pièce. L’opération est reproduite simultanément en plusieurs points de l’endroit. Une fois les ouvertures fermées, un gaz s’élève. Les plus près du sol commencent déjà à tousser. Ca y est, le gaz a atteint les narines d’Ellen. Les gens autour d’elle hurlent, pleurent et prient de plus belle. L’infâme mixture la prend à la gorge à la première inspiration. Elle essaie de se retenir, mais quelques secondes plus tard elle est obligée de respirer à nouveau. Elle le sent, elle le sait. Elle va mourir. La torture commence. Elle souffre, s’allonge par terre. Les corps autour d’elle s’agitent, pris de convulsion. La tête lui tourne. Elle vomit. Ses intestins la brûlent. Tout son corps n’est plus que douleur et souffrance. Elle n’attend plus que la mort, et sa délivrance.
Elle se réveille.
Les rues d’Alberstadt sont désertes en cette heure. Ellen est seule, elle court, elle court dans la nuit. Toute seule. Il faut qu’elle le voit, il faut qu’elle sache. Que lui est-il encore arrivé ? Pourquoi elle ? Pourquoi eux ? Pourquoi ont-ils fait ça ?
Enfin, elle voit le bâtiment. Elle entre à la volée, grimpe les deux étages quatre à quatre. Elle espère qu’il sera là. « Docteur Londres ». C’est ici. La porte est ouverte, elle entre. La lumière est encore allumée, il était là il y a quelques minutes. Il écoutait son répondeur. Son robot est allongé plus loin, en mille morceaux. Il n’est pas là, il s’est volatilisé. Elle jette un coup d’œil par la fenêtre, son autoplaneur est garé en bas. Alors, elle comprend qu’il a bien disparu, qu’il ne sera plus là pour l’aider et la comprendre. Elle se met à pleurer. Elle pleure toutes les larmes de son corps. Et elle s’endort, là, par terre.
Au petit jour, elle repart. Elle rentre chez elle avant que ses parents et Nouitu ne s’aperçoivent qu’elle est sortie. La jeune fille ne leur dira rien, pour le moment. Un peu plus tard, alors que tout le monde est sorti, elle se retrouve avec Monica, Kamel, Fritz et Zlata chez cette dernière. Même les robots éducateurs ont été congédiés. Ellen ouvre la séance :
« Ecoutez-moi. J’ai quelque chose de très important à vous dire. Cela vous mettra peut être en danger, en tout cas je ne sais pas où cela nous mènera. Mais il faut que vous sachiez. Je vous jure que c’est la vérité… »
Et elle leur raconte tout.
Une heure plus tard, Ellen a fini son récit. Un grand poids semble s’être ôté de sa poitrine. Par contre, les autres ont tous l’air interloqué, ou plutôt… choqué. Un silence gêné s’installe. Kamel le premier rompt le silence.
« Ellen, je te crois. Il faut le retrouver. »
Dès lors, tout le monde parle en même temps, les idées fusent dans tous les sens. Tout le monde y va de sa méthode. On cherche, on propose, on élimine les pistes, on en invente d’autres… Mais quand ils se séparent, quelques heures, ils n’ont toujours pas trouvé de solution.